1  Avant-propos


     On pourrait commencer ainsi: ”Il était une fois deux châteaux du moyen-âge...Ils se situaient entre la chaîne de l’Etoile et le massif du Garlaban, sur l’actuelle commune d’Allauch et s’appelaient Ners et Pichauris... Perché sur un mamelon, le château de Ners était contourné par un cours d’eau: le Jarret. Le Seigneur du lieu, s’appelait Pierre....”


     Revenons à la réalité.

     Depuis l’époque romaine, un lieu de péage existait à cet endroit pour les marchands allant de Marseille à Peypin, Auriol, St Maximin... Le château -ou forteresse- de Ners fut construit au XIIème siècle, abritant une garnison qui défendait le péage. En 1557, l’évêque de Marseille le vendit avec ses terres à Pierre d’ALBERTAS, seigneur de Gemenos, qui en fit un de ses fiefs.

Le seigneur d’ALBERTAS acquit également un château et biens du même territoire, tout à côté de Ners, au lieu dit “Pichauris” qui devint arrière-fief de Ners.

source:

AD13: 3G 366 26/04/1557

Cession par l'Evêque de Marseille à Pierre d'Albertas des terres et seigneuries de Ners et Pichauris dont voici la signature:












   On peut émettre l’hypothèse que le château-forteresse de Ners était réservé à la défense du péage, tandis que le château de Pichauris (aujourd’hui disparu?) abritait la maison seigneuriale.























   Le site possédait des richesses naturelles: sa terre calcaire et sa forêt: Le calcaire servant à la fabrication de la chaux,  la forêt à la production du charbon de bois, mais aussi de bois à brûler, d’écorce à tan et de bois à glandage.


    Le terroir de Pichauris fut habité au moins jusqu’en 1694, date de l’acte de décès d’Antoinette BRUNET d’Aiguilles, décédée “dans le terroir de Pichauris après avoir reçu les sacrements de l’Eglise par messire Joseph ESTIENNE prêtre de ce lieu d’Auriol et servant dans ledit terroir”.

(source: archives communales d’Auriol)















   En 1733 le lieu était déclaré désert. “Les possesseurs de biens les ont abandonnés, il n’y a plus ni communauté ni paroisse” (source: abrégé du cahier des délibérations de l’Assemblée générale des communautés du pays de Provence 1733)











   C’était sans compter avec les richesses naturelles du site: Une plâtrière sera en activité jusqu’en 1930, et le convoyage du charbon à dos d’âne passera longtemps au pied du château ruiné de Ners.


    Pour en savoir plus:

-dictionnaire topographique de l’arrondissement de Marseille par Jean Anselme MORTREUIL 1872

-dictionnaire d’Alfred SAUREL 1878

-nobiliaires et armoriaux de Provence pour la famille d’ALBERTAS

-Répertoires des travaux de la société de statistique de Marseille

-Mémoires de l’Académie des sciences de Marseille



2 Ners et Pichauris aujourd’hui


Si vous cherchez sur le web “Ners et Pichauris”, vous serez guidés vers d’innombrables sites de promenades ou randonnées. Les ruines du château de Ners, bien qu’enfouies dans les broussailles reçoivent encore de nombreux visiteurs.

















































































    Vous ne verrez rien qui ressemble à un château du côté de Pichauris, mais quelques vieilles maisons accolées et passablement délabrées, et un bâtiment neuf.






















Si le château de Ners est encore visible, où se trouvait la maison seigneuriale de Pichauris ?



















Un peu plus loin, les restes de la plâtrière...


















et une maison qui a servi comme “bastide neuve”pour le tournage du film “la gloire de mon Père”
















    Le site a été magnifiquement mis en valeur depuis que le département en a fait l’acquisition en 2006. Que l’on soit en famille, tranquille promeneur ou randonneur aguerri, le parc est le point de départ de nombreux circuits pédestres ou pour VTT.

La montée à la table d’orientation vous mènera à une vue superbe.







































(Cette dernière photo a été prise sur le net. Merci à l’auteur)



3 Les habitants de Ners et Pichauris dans les registres.


On oublie trop souvent qu’une commune, c’est d’abord les habitants qui l’ont habitée, transformée, exploitée. C’est d’abord l’écho d’efforts, de peines, de joies et de difficultés pour les familles qui l’ont arpentée.

En 1540, on compte 8 bastides à Pichauris

Si Ners semble depuis longtemps déserté, Pichauris est encore habité vers 1900 comme le témoignent ces actes de naissance et décès. ( Source: AD13. Les registres plus récents ne sont pas en ligne)



























Je me suis intéressée à ces lieux car j’ai trouvé des données dans les anciens registres de notaires d’Auriol.

Comme je suis particulièrement intéressée par l’année 1593 (année de destruction du château d’Auriol par le duc d’Epernon), j’ai “épluché” les registres de cette année  et me suis arrêtée sur cette phrase:











“Fait et publié audit lieu de Pichauris et dans la salle du château et maison seigneuriale dudit lieu”

Dès lors, je cherchai d’autres actes citant Ners et Pichauris dans ces années-là.



Commençons par un acte de partage de 1592


















   “Partage pour et entre Barthélémiene, Claire, Jaumette, Antoinette, Marguerite

et les hoirs de Honorade MAURIN, filles de feu Stiene de Roquevaire”


Sont cités:

Jean JAUFRET de Peynier, mari de Barthélémiene

Peyron EMERIC d'Auriol, mari de Claire

François MICHEL d'Allauch, mari de Jaumette

Jean DELUEIL de Mimet mari de Antoinette

Bernard DELUEIL de Mimet mari de Marguerite

Jean MASSEL d'Auriol oncle et tuteur de Antoine, Madeleine et Jeanne VALENTINE enfants de Gaspard et +Honorade MAURINE aussi fille de feu Stienne et feue Marguerite MIQUELE

Des maisons, jardins, vignes et autres biens situés à Pichauris et Roquevaire

Sont aussi cités

-Jeanne MAURIN leur tante, fille de feu Pancrais, veuve de feu Louis LAGET d’Auriol

-Pierre et Bertrand NEGREL frères, héritiers de Pancrais par leur mère soeur d’Estienne

-Jean MAURIN de +Honoré


   L’acte est long, “truffé” de nom et liens familiaux. Le notaire semble confondre Tante et Grande-tante, oncle et oncle par alliance.. Il faudra confirmer ces liens.

Retenons la personne de Pancrais (Brancais, Pancrace) MAURIN



   Continuons avec par un conseil de commune daté du 25 mai 1594 où il est demandé aux “manants et habitants” de Pichauris une contribution: Enfin des noms sur les habitants de cette époque ! Qui sait si vous n’y trouverez pas quelque ancêtre ?









































Monsieur de Gemenos, Ners et Pichauris

Jean Philippe NEGREL baille

Alexis NEGREL consul et trésorier

Antoine NEGREL son frère

Guillaume NEGREL de feu Claude

Jean pichon NEGREL son frère

Pierre NEGREL son frère

Michel MAURIN

Bertrand NEGREL de feu Antoine

Pierre NEGREL son fr ère

Claudon NEGREL son frère

Pierre NEGREL autre frère

Louis NEGREL autre frère

Jaume MAURIN à feu Honorat

Jean MAURIN son frère

Jean FALEQUE ?

Victor BAUX

Jean Jacques COLOMB

Jean COLOMB

Nicolas ….

Bertrand REVEL et ses frères

Honoré  OLIVIER

Hugues LAN

Marie COLOMB


            NEGREL, MAURIN, REVEL, LAN.... Comment ne pas penser à Roquevaire ?


   Regardons le livre de tailles des “manants et habitants possédant biens” de la même année:


Nota: Quelques explications de S. AVY que je remercie, ainsi que M.D. GERMAIN.


“En Provence, la taille est un impôt foncier réel que toutes personnes (nobles, roturiers, ecclésiastiques) devaient payer sur les biens dits "roturiers" qu'ils possédaient, c'est-à-dire non exonérés d'impôts comme les biens seigneuriaux (dépendant de la directe seigneuriale), domaniaux (appartenant au Domaine, c'est-à-dire au Roi) ou communaux (appartenant à la communauté).


Pour établir cet impôt, on dressait des compoix (cadastre). La valeur des biens était estimé par des experts-géomètres assistés de représentants locaux désignés au sein des membres de la communauté.


La taille était levée au sein des communautés qui la reversaient au trésorier des Etats de Provence. La Province la reversait ensuite au trésor royal sous forme d'abonnement, c'est-à-dire que chaque année la Provence devait donner au Roi une somme fixe à charge pour elle de la récupérer auprès des contribuables locaux selon les feux de quotité de chaque communauté (d'où de long procès pour la révision des feux à la baisse)”













































Teneur du livre de taille


Et premièrement Monsieur de Gemenos, Ners et Pichauris 1120 florins

Ledit Seigneur pour les biens acquis de Monet MARENC 800 florins

Ledit Seigneur  pour les biens acquis de Jean PAZERII 560 florins

Ledit Seigneur pour les biens acquis de feu Jean « Prancais » MAURIN 75 florins 10 sols

Me Jean Philippe NEGREL baille 91 florins, onze sols, un liard, un denier

Alexis NEGREL 131 florins 1 sol, 1 liard, 1 denier

Antoine NEGREL 131 florins 1 sol 1 liard 1 denier

Guillaume NEGREL à feu Claude 101 florins 1 sol 1 denier

Jean pichon NEGREL à feu Claude 101 florins 1 sol 1 denier

Pierre NEGREL son frère 101 florins 1 sol 1 denier

Michel MAURIN 303 florins 4 sols

Les hoirs de feu Honorat MAURIN 150 florins

Les hoirs à feu Stienne MAURIN 72 florins 6 sols

Les hoirs à feu Paulet REVEL 80 florins


    Ces liens familiaux très intéressants peuvent être la base de reconstitution des familles ayant habité Pichauris. Il est évident que les patronymes MAURIN et NEGREL dominent.




Remontons maintenant plus loin dans le temps avec la lecture de différents documents (sommations, conseils, procurations, reconnaissances, insolutondations) ayant lieu à Pichauris où l’on peut extraire les personnes suivantes:



1571

Jean PASERI

Barthélémy NEGREL

Claude NEGREL

Antoine NEGREL

Michel MAURIN

Jean Honoré et Estienne MAURIN frères

Pierre REVEL et Barthélémie REVEL fille de +Paulet

Monet HOSTACY dit Marenc



1574

Jean NEGREL ménager de Roquevaire, fils et procureur de Barthélémy NEGREL ménager de Roquevaire, fermier de la bastide  affar,  aveiraiges de Monet OSTACY  dit Marenc de Marseille à Pichauris. à qui il demande les clés

ledit Marenc aurait loué cette bastide à François PAZERY de Pourrières.

“Fait audit Pichauris dans la salle de la maison seigneuriale dudit lieu en présence de noble Pierre d'Albertas seigneur dudit lieu et Honoré MAURIN laboureur dudit Pichauris”


1574: insolutondation (quittance sous forme de bien, à défaut d’argent)




















“L’an mil cinq cent septante quatre et le quinzième jour du mois de décembre. Comme soit que feu

Jehan MAURIN fils de feu Brancais de son vivant laboureur du lieu de Roquevaire demeurant au présent lieu de Pichauris (...)  “

Dans cet acte sont cités “Bertrand, Antoine, Guilhem, Thomas MAURIN fils dudit feu Jean”


1575

procuration auprès des syndics afin de faire “révoller? “ les bornes et limites des terroirs d’Allauch, Ners et Pichauris.















“ (en présence de) Barthelemy NEGREL baille de Ners et Pichauris, de moi notaire royal soussigné, convoqués et assemblés Michel MAURIN consul, Guillaume NEGREL, Claude NEGREL, Honoré MAURIN et Bertrand MAURIN particuliers manants et habitants de Ners et Pichauris (...)”



1575

sommation

Honoré MAURIN ménager de Roquevaire habitant au lieu de PICHAURIS

Claude NEGREL, ménager de Roquevaire, rentier de Peypin, son fils Antoine


1576

Maître Honoré ESTIENNE notaire d’Auriol officiant à Pichauris


1579

Un autre acte intéressant:





















“Partage et divison fait entre Antoine, Bertrand, Guilhem et Thomas MORIN frères, fils de feu Jehan laboureurs de Roquevaire.”


En résumé:

Les 4 frères sont assistés de leurs oncles, Claude NEGREL et Honorat MORIN

-Thomas hérite d’une maison à Roquevaire

-Guillaume hérite de la bastide de Pichauris, confrontant celle de Monet OSTASSE dit Marenc avec la bastide des hoirs de +Estienne MORIN et celle de Michel MORIN ainsi qu’une “canebe” (champ de chanvre) au lieu-dit "orts des canebes" et d’autres biens à Pichauris.

-Bertrand hérite d’ une "luege de maison à Pichauris; une terre aux "Jouquieres?" sur le derrière du château vieux (1)

-à Antoine: une "luege de maison" confrontant la luege de son frère Bertrand, au couchant la rue publique (2)


(1): vraisemblablement château de Ners. Dans ce cas, était-il déjà ruiné ?

(2): espace devant la maison, sorte de cour en terre battue (d’après S. Avy)


1583














“Achat pour Damoiselle Marquise VENTOU femme de Pierre ALBERTAS seigneur de Gémenos”


   Marguerite MICHELLE veuve, mère des enfants de +Estienne MOURIN laboureur de Roquevaire vend à la femme du seigneur une terre à Pichauris, “quartier du château”.

Le montant de cette vente sera donnée comme dot à Barthélémie MOURIN sa fille, femme de Jean GEOFROY/JAUFFRET laboureur de Peynier

Fait à Auriol dans la maison du notaire



4 Reconstitution de familles


Papier-crayon ou logiciel de généalogie.... Il s’agit de relier toutes les personnes ayant vécu à Pichauris ou y ayant possédé des biens.


Les actes étudiés ci-dessus ne suffiront pas car Ners et Pichauris n’ont ni prêtres ni notaires. Il faudra puiser dans les BMS de Roquevaire, les notaires de Roquevaire et Auriol.


Mais tout aboutit à première vue au couple Brancais MAURIN et Jaumette FLOTTE ....


Je laisse le soin aux descendants de chercher si un ou une de leurs ancêtres a vécu dans ce lieu un peu ignoré, aujourd’hui réhabilité.


Bonne découverte !



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11/05/16

 
 

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