1673-1676: aspect intérieur de l’église à travers 4 années de sépultures
1673-1676: aspect intérieur de l’église à travers 4 années de sépultures
26/09/10
Dans les différentes sources d’informations qui permettent de retracer l’histoire de l’église d’Auriol et du patrimoine religieux de la commune, il en est une qui n’est certainement pas à négliger : les registres paroissiaux.
L’histoire existe car des Hommes l’ont faite et vécue. On parle volontiers des gens « importants » qui ont marqué cette histoire, mais n’oublions pas les hommes, les femmes, les enfants, toutes ces ouailles fortement attachés à leurs bâtiments religieux où ils étaient baptisés, mariés, voire même enterrés. A quoi aurait servi une église si personne ne l’avait fréquentée ? Seuls les registres paroissiaux renferment tous les noms des habitants qui franchirent la porte de l’église pour y recevoir un sacrement.
Quatre années particulières peuvent retenir notre attention : 1673, 1674 1675 et 1676.
Pourquoi ces 4 années ? Parce qu’elles présentent une particularité : le vicaire d’alors, messire Dominique CONCORDAN, prend soin d’indiquer où sont enterrés les villageois, ce que son prédécesseur, ne mentionne pas, (voir collection départementale) et ce que le vicaire lui-même n’écrira plus par la suite, sans doute faute de temps. Les défunts seront tout simplement « enterrés ». Le vicaire CONCORDAN, qui a fort à faire dans cette grosse paroisse est, à cette époque, assisté par plusieurs prêtres : Messires Louis ROQUE, Guilhaume JACQUET, Jehan LAGET, Gaspard MARTIN, François MASSE, Anthoine RAYMOND, André SIMON, Joseph VILLENEUVE.
Pendant ces quatre années, les membres du clergé auriolais enterreront, enseveliront ou inhumeront (les 3 termes sont indifféremment employés) les défunts « au cimetière de l’église parrochiale », ou « dans l’église »
En 1673, les prêtres enterreront 122 personnes dont 15 dans l’église
En 1674, les prêtres enterreront 103 personnes dont 17 dans l’église
En 1675, ils enterreront 138 personnes dont 16 dans l’église
En 1676, 9 auriolais seront inhumés dans l’église.
Ce qui fait 57 inhumations dans l’église sur 4 années !
On peut déjà imaginer la taille conséquente d’une église qui abrite tant de défunts, et il est bien sûr dommage de ne pas savoir si après 1676, les prêtres continuèrent à y ensevelir des paroissiaux. Le problème de « surpopulation » se posera également pour le cimetière attenant à cette église, et l’on trouve aux archives communale un document de 1724 relatant un désaccord entre les consuls et le vicaire, celui-ci ayant enterré les morts sans autorisation dans la chapelle Ste Barbe, le cimetière étant devenu trop exigu .
Mais revenons à l’église de 1673-1676
Nous ne possédons pas de plan intérieur de cette église, c’est pourquoi chaque indice peut nous éclairer.
Regardons de plus près ces 57 actes de « mortuaires » de cette période où le prêtre consigne un ensevelissement DANS l’église.
9 défunts sont signalés comme enterré dans le bâtiment, mais sans indication d’endroit. Les 48 autres seront inhumés à des endroits très précis. Avant de les mentionner, on peut se demander s’il y a une différence entre un « autel » et une « chapelle », certains défunts étant inhumés par exemple « au-devant la chapelle Ste Anne », et d’autres « au-devant l’autel Ste Anne » Le mot « chapelle » devait sans doute représenter un ensemble constitué d’un autel séparé du mur par une structure maçonnée ornée de tableaux ou statues, le tout formant un « coin » particulier dans l’église.
Dans les BMS de ces 4 années, les prêtres vont mentionner 14 lieux d’inhumation dans l’église ! (il y en avait peut-être plus ?)
-la chapelle du Purgatoire
-la chapelle ou l’autel St Anthoine
-la chapelle St Joseph
-la chapelle ou l’autel Ste Anne
-la chapelle Ste Ursule
-la chapelle ou l’autel St Crespin
-la chapelle St Cler
-la chapelle St Blaize
-la chapelle St Eloy
-la chapelle St Roch
Il est étonnant de constater que tout l’espace possible était utilisé, puisque des défunts seront même enterrés :
-« auprès les fons batismaus »
-« au devant la grande porte »
-« au dessous la chaire oulon preche »
Le 10 mars 1776, une loi interdira toute inhumation dans les églises et chapelles « sauf exceptions prévues et limitées »
sources : série GG , série DD collection communale et archives de Marseille
“L’an de grace 1674 et le 4 mars est décédée anne pascale aagee
de quarante cinq années femme de francois vellin et a este
enterrée le cinq du mesme mois au devant la chapelle Ste anne dans
l’église d’auriol. présents au convoy jean Pascal et pierre blanc themoins
requis et signés comme il apert a l’original. Concordan vic(aire)”